La tuile sur-intellectualisée de Kate Newby

Pour cette semaine du 2 au 9 janvier 2022, je vous ai choisi cette tuile figurant dans la collection d’un FRAC …

La tuile est communément cet élément de terre cuite destiné à la couverture des toits…

Cela peut être aussi une avanie, une « bérézina », une petite catastrophe..

Ici, la tuile de Kate Newby est à prendre selon cette deuxième acception,  comme une malfaisance ou  un affront  faits à l’art de la  céramique, par sur-intellectualisation caricaturale de ce qui relève d’abord du sensible, de la sensualité, du geste, du savoir – faire artisanal.( tout ce que méprise l’esthétique institutionnelle de FRAC)

Détournement –récupération :

Nous avons là un exemple des plus éloquent de ce détournement-dévoiement- récupération de l’artisanat d’art, opéré très souvent par les conceptualo-bidulaires de FRAC, pour pallier effrontément à leur absence de contenu…et plaire aux instances subventionnantes.

Cette tuile est un don des Amis du FRAC,.( Merci les Amis !) Elle fait partie de l’édition « I could feel it in the air » ( ben voyons…Tant qu’on y est, pourquoi se gèner ?), constituée de  10 tuiles incrustées de verre, toutes légèrement différentes,  réalisées pour ce FRAC en 2019.

Avec les traces de doigts de l’artiste-même et une « connivence » avec l’artisan :

On peut lire ceci dans la notice jointe : « Inspirée par l’omniprésence de cet élément de construction dans le quartier de l’Institut, ainsi que dans la région lyonnaise où elle a rencontré des artisans, l’artiste intervient à l’extérieur (patio, muret du jardin) et prolonge ce rapport au bâti par la création d’une série limitée de tuiles conçues pour être accrochées au mur … Dans cette même connivence avec le lieu et avec son exposition, l’artiste a incrusté dans le grès de la tuile de petits morceaux de verre coloré, récupérés sur le territoire environnant. Elle a l’a également marqué de traces de doigts, selon un geste de creusement manuel récurrent dans son travail. Après cuisson à haute température (1 250°) chez un artisan spécialisé, chaque tuile devient un objet quasi unique qui a sédimenté cet alliage de matériaux et de gestes. « 

Sa propre « interprétation » de la tuile :

« La « perfection » n’est pas recherchée, mais bien plutôt l’énergie de la transformation des matériaux et des gestes, ainsi que la symbolique combinée des notions d’excavation et de protection. Attentive aux moindres détails de la construction des espaces et de leur spécificité locale, Kate Newby aime inscrire sa main dans tous les états d’un processus jusqu’à l’empreinte dans l’objet. De ce faire spontané, elle façonne sa propre interprétation de la tuile. »