
La superbe exposition de 80 artistes organisée par Frédérice Roulette à l’Espace Niemeyer, me donne l’occasion de revenir sur le sujet, dont j’avais parlé il y a un an.
Voir ici mon article de 2024 :
Cette année l’ exposition s’intitule Le Radeau des Médusés
Et en voici le dossier de presse avec toutes les infos

Il est maintenant bien reconnu que si l’art dit contemporain est un pur produit de la collusion contre nature entre la spéculation intellectuelle gaucho- culturo- lango-mitterrandien d’État et la spéculation financière privée du grand capital… et que le parti communiste n’était pas partie prenante dans cette gigantesque embrouille
La magnifique exposition actuelle de la collection du très inspiré et flamboyant galeriste Frédéric Roulette en est la preuve. Il suffit d’éplucher la liste des artistes pour constater qu’aucun (ou presque ) ne figure dans un FRAC, mais sont présents pour les ¾ d’entre eux dans le nicoleùuseum.fr

- On se souvient que Picasso, Léger, Kijno ou Giacometti incarnaient la bonne et saine relation qui existait entre le PCF et le monde artistique.
- On se souvient aussi de Roger Garaudy, penseur du PCF mais également remarquable amateur et critique d’art comme on n’en fait plus.
- On se souvient des « Lettres Françaises », d’Aragon, de Pierre Cabanes, qui n’avaient pas non plus d’appétence pour l’idéologie conceptualo—caviardi -bidulaire qui pointait déjà du côté du gaucho-progressisme culturel.
- ON se souvient que Catherine millet fut la secrétaire de Pierre Cabanes , avant de prendre son envol avec Templon
- On se souvient que , dans les années 60 il existait , certes, une revue culturelle du PCF , intitulée « La nouvelle Critique » dont l’imbitabilité discursive était bien pire que celle d’Artpress qui lui succéda… C’était alors pour le PCF une dérive élitiste passagère, qu’il a regrettée, et qu’on lui pardonne.
UNE LETTRE NON-PUBLIÉE PAR L’HUMA :
« LES DÉRIVES DE L’ART DIT CONTEMPORAIN , NE DEVRAIENT-ELLES PAS ÊTRE UN SUJET MAJEUR DE PRÉOCCUPATION POUR LE PARTI COMMUNISTE FRANÇAIS ? »
J’avais proposé l’an dernier , au journal l’Humanité de publier le texte qui suit.
Je l’avais envoyé à Maurice Ulrich, Pierre Laurent et au chef de la rubrique Forum-débats
Ce texte n’a pas été publié et j’ai eu aucune réaction des 3 personnes citées.
Voici la lettre à l’Huma :
« L’art dit contemporain, cet art de classe, on ne plus élitaire et non partageable, excluant 90 % de la création vivante d’aujourd’hui et faisant fuir 90 % du public ; cet art s’accaparant du qualificatif « contemporain » par un hold-up sémantique de plus stupéfiant ; cet art produit de la conjugaison entre la haute intellectualité progressiste et la haute finance plutôt régressive humainement ; cet art fruit de la fornication incestueuse entre la haute bureaucratie et le grand marché spéculatif ; cet art né de la collusion éhontée entre service public et intérêts prives… devrait , bien évidemment, être un sujet préoccupation bien affirmé et assumé pour le parti communiste.
Et ceci d’autant plus que le parti communiste n’a pas été partie prenante dans cette terrifiant embrouillaminis politico-intellectuel que fut le « gauchisme culturel » si bien décrit et analysé par le sociologue Jean-Pierre Le Goff
Et ceci d’autant plus que ce parti a eu des artistes engagés à ses côtés comme Picasso, Giacometti, Léger, Kijno, etc qui seraient furieux de voir les exactions faites au nom du progressisme et de la « contemporainité » en art.
On se souvient des « Lettres Françaises ». On se souvient aussi de Roger Garaudy, « penseur » du PCF, mais également remarquable amateur et critique d’art comme on n’en fait plus.
Et l’on voit aujourd’hui l’Espace Niemeyer organiser des expositions positives, inelligentes, non décostructives et respectueuses des valeurs éternelles de l’art, comme « Libres comme l’art » organisée par Renaud Faroux et Yolande Rasle , en 2021…Comme celles organisées par le très inspiré et flamboyant galeriste Frédéric Roulette : « L’humamité dans l’art » en 2024 et « le radeau des médusés » en 2025.
Alors compte-tenu de toutes ces preuves de son indépendance par rapport idéologie esthétique dominnante, on on se demande pourquoi le PCF ne met pas les pieds dans le plat, n’est ^as le premier à lever l’omerta, à entreprendre l’analyse des mécanismes de l’emprise maléfique de l’art « contemporain » sur l’ensemble du systèmes de reconnaissance et de légitimation de la création actuelle.
On se demande quelles sont les raisons de cette non intervention en faveur du retour du sens de la justice et de l’humanité en art…Le PCF aurait-il peur d’être traité par les tenants du progressisme mondialiste, de réactionnaire d’extrême -droite, comme tous ceux qui osent critiquer l’art « contemporain » ?…ce qui serait tout de même un comble, non ? ,
C’est donc pour ouvrir le débat, amorcer la réflexion, obtenir quelques premières réponses à mes questions, que je m’adresse aux lecteurs de l’Humanité et au-delà d’eux, aux membres, aux sympathisants et aux élus du PCF.
Merci pour votre contribution et merci à L’ « Humanité » de bien publier ma « question ».L’ensemble des réponses qui me parviendront à nicole.esterolle@yahoo.fr, sera assurément d’un grand intérêt pour les sociologues et historiens de l’art. »
LE TEXTE DE FRÉDÉRIC ROULETTE
Un radeau vers l’Humanite
Aborder aujourd’hui le thème du naufrage quelle banalité me direz vous.
En ces temps où les océans engloutissent les migrants et bientôt nos insouciances climatiques, où le sectarisme religieux flingue le festif et le libre arbitre, ou les ruines de Gaza s’enfoncent dans les eaux sinueuses du colonialisme, ou le lien sociétal se noie dans nos applications . Pourtant ces naufrages, tous les naufrages méritent notre attention. A travers la tragédie de la Méduse , Gericault a souhaité d abord traiter d’un drame , d’une actualité emblématique, posant des jalons indéfectibles entre l expression artistique et le contexte de sa réalisation. Finies les gémonies des puissants, des campagnes guerrières , du religieux , de l obséquieux, d’une antiquité édulcorée. Place à l épique, au romanesque, irrigué par l actualité , place a la complexité de la condition humaine, à la politique, aux voyages , à la découverte de l autre. Quand je découvre en 1986, galeriste en herbe et encore élève de l école du Louvre, tout imprégné de l école romantique française, qu un jeune artiste, Speedy Graphito, s approprie le radeau, je découvre aussi sa modernité formelle. Combien d’artistes émergents dans les années 80 , autodidactes, issus des écoles d art dit décoratif, acteurs urbains, street artistes, se sont entendus dire que, trop narratif, leur art en devenait anecdotique, donc mineure . Le même rejet de la présence du récit , jugé vulgaire , qu’avait pu vivre Gericault et les colibets que subirent son Radeau au moment du salon. Les cyniques ont succédé aux pompiers, on a à nouveau institutionnalisé la distance au profit de du concept et au détriment de la force du vivre et de l incarné . Engagé? est ce que Gericault l était? Nulle évidence , il comprit simplement la dimension sociétale de cet épisode funeste et sa portée universelle; pour la première fois il traita son sujet à la manière d un journaliste d investigation. Il questionna les derniers témoins du drame, s en imprégna jusqu à l extrême , vivant en vase clos dans son atelier, faisant poser nus, cadavres et amis, entouré de Jamar puis de Lehoux, pendant un an. La diversité de ses esquisses , atteste de l’intérêt porté à tous les témoignages recueillis , et de son questionnement quand a leur force d évocation respectives. La construction révolutionnaire de la composition finale, la puissance de son traitement pictural comme trempé dans la chair et le sang, le souffle qui s en dégage , élèvent cette œuvre au rang de l un des tableaux majeur de l histoire de l art mais aussi de l Humanite. En ces temps où l on entend que pas tout à fait en guerre nous ne sommes plus tout à fait en paix , ou l’on massacre à nos frontières , dans nos mers , dans nos esprits, dans notre vie tout simplement; réunir 70 artistes majeurs autour de ce thème et leur demander non seulement de se l’approprier mais de lui redonner aujourd’hui corps et âme, dans le cadre symbolique de l Espace Niemeyer, me semblait avoir du sens . Gageons que de cette diversité naîtra une même voix teintée de lucidité, d’espoir et de combat.
Frédéric Roulette