
Un ami me fait parvenir aujourd’hui le dossier de presse sur le Colloque « Art et environnement- une alliance par nature », qui aura lieu à Rouen fin octobre.
Lien ici :
https://www.icp.fr/a-propos-de-licp/agenda/colloque-art-et-environnement-une-alliance-par-nature

Si pour les catholiques, organisateurs de ce colloque, il existe « une alliance par nature » entre l’art et l’environnement , il ne doivent pas inclure dans ce dont il vont parler, l’art dit « contemporaim » qui s’avère extrêmement polluant et toxique autant mentalement, que sociétalement et environnementalement…
… Comme je l’ai évoqué dans les trois textes que j’ai publiés récemment sur le sujet et que je vous joins ici :
1 – Écologie et art dit contemporain
Mon entretien avec le magazine Reporterre en 2018
En quoi l’art est-il, selon vous, dans une situation comparable à celle de la nature, ou de l’environnement ?
L’art dit « contemporain » est un art hors-sol, artificiellement engraissé, contre nature, vidé de toute substance vraiment vivante et artistique, comme la production agricole industrielle que l’on pourrait appeler « contemporaine », car au nom d’un même « modernisme » ou « internationalisme », il s’y commet les mêmes ravages sur les cultures et sur les sols que sur la création artistique et le terreau social et humain qui la nourrit. Les deux subissent une même logique mondialisante, donc forcément aplatissante, aseptisante, dévitalisante, déterritorialisante et déshumanisante.
En quoi l’art contemporain doit-il intéresser les écologistes ?
Ce qui se passe dans le champ artistique devrait attirer l’attention des écologistes et faire partie de leurs sujets de réflexion, d’étude, d’analyse et d’action, car il y a de nombreuses homologies.
À l’économie virtuelle des bulles financières, destructrices de l’économie réelle, correspond très exactement le Financial art des bulles artistiques, destructeur de l’art vivant.
La puissance détergente du discours terrorisant des grands rhétoriciens du Rien artistique, subventionné et mondialisé, ce discours globalement négatif, creux, abscons, morbide et terriblement anxiogène de l’art dit « contemporain », possède la même redoutable efficacité herbicide, pesticide et liberticide, que les substances chimiques nocives utilisées dans l’agriculture. Ce discours détruit le contenu sensible et poétique considéré comme superflu, et veut empêcher toutes floraisons en dehors de celles, obscènes, et formatées aux normes du contemporain-international « hors-sol » qu’il promeut.
Je constate un déni de réalité, une sorte d’omerta sur le sujet de la part de tous les partis politiques, y compris les écologistes. J’ai toujours pensé qu’un jour ou l’autre cette omerta serait levée et que l’on pourrait alors en étudier les raisons profondes, et je souhaite que cet entretien puisse contribuer à la levée du tabou et au déverrouillage de l’information sur les souffrances de l’art en ce pays.
Pourrait-on parler d’art « bio »?
L’art, pour être vraiment Art, est forcément « bio », c’est à-dire libre, naturel, bien ancré dans la vie et dans un terroir, sans trace d’idéologie polluante, sans adjuvants rhétoriques propulseurs de goût, sans messages parasites extérieurs à lui, etc.
Il prend alors sa valeur intemporelle, universelle et donc patrimoniale.
L’art, pour être vraiment Art, ne peut être le résultat d’une « culture » forcée par la subvention ou par la loi du marché, ni d’un gavage de cerveau avec des concepts indigestes… puisqu’il est le contraire de cela. Oui, l’art, pour être vraiment Art, est nécessairement « bio », c’est-à-dire durable, partageable, respectueux de l’environnement humain, non empoisonné par la cupidité et l’attrait du pouvoir.
Qu’appelez-vous des œuvres « naturelles », ou flore naturelle, dans le domaine de l’art ?
J’essaie, sinon de « l’appeler », en tous cas de la désigner en la montrant le plus possible dans mes chroniques et sur mon blog. J’ai constitué une « collection » de 2500 d’œuvres environ, cueillies au cours de mes promenades sur internet. C’est une flore artistique étonnamment riche et variée, qui pousse librement, sans subventions, en toute indépendance des critères du ministère de la culture et du marché spéculatif, critères qui sont à peu près les mêmes pour l’un et l’autre, et qui ne sont en rien des critères d’ordre esthétique. (L’éthique, n’en parlons pas ici…)
Cette flore représente 95% de la création artistique actuelle. Face aux 5% formatés et conformes aux exigences du système bureaucratico-financier dominant, 95% des artistes aujourd’hui sont exclus de l’art dit «contemporain», car ce système « totalitaire », ne conçoit d’autre art que celui, pollué et toxique, excrété et négocié par son appareil. Bien entendu, ce système ignore, occulte et disqualifie autant qu’il le peut cette fabuleuse floraison sauvage qui lui échappe, et qu’il ne voit pas, ne comprend pas, n’aime pas, ne reconnaît pas.
Ce qui est plutôt rassurant, c’est qu’au bout de quarante ans bientôt d’une politique forcenée (et coûteuse pour le contribuable) de désartification par vidage du contenu au profit de l’enrobage discursif, par éradication du sensible et de la poésie dans le champ de l’art, le ministère et le marché spéculatif ne sont absolument pas parvenus à leurs conjointes fins.
Certes les artistes sont isolés et paupérisés ; certes les galeries prospectives, c’est-à dire découvreuses de nouveaux artistes, sont en difficulté ; certes de monstrueuses plantes artificielles obstruent le paysage, certes le public est désemparé, mais jamais la création authentique n’a été aussi abondante, foisonnante, vivante, d’une qualité et d’une diversité étonnante, et jamais l’accès à cette création n’a été, grâce à internet, aussi facile. Tout comme il reste, Dieu soit loué, la même abondance, diversité et qualité, dans les productions agricoles et alimentaires « de terroirs » en France.
Comment pourriez-vous définir ou décrire les œuvres de l’art officiel ?
Cet art officiel dit contemporain est un art de « système », totalement démontable, sans nécessité intérieure, sans accroche sensible, sans mystère ni poésie, sans contenu. Il ne peut être ni viable, ni durable, ni partageable, ni transmissible aux générations futures.
Ce produit de la spéculation, intellectuelle ou conceptuelle, et financière, détruit l’art comme l’économie virtuelle détruit l’économie réelle et comme la spéculation sur les céréales et la viande détruit les sols et empoisonne les agriculteurs.
C’est un art de la disparition du contenu sensible, charnel et vivant ( comme le sol de l’agriculture « contemporaine » se vide de ses organismes vivants) au profit du contenant le plus spectaculaire et provocateur possible ; au profit du discours d’enrobage et d’endoctrinement à la malbouffe artistique, au profit du discours du rien à dire mais le faire savoir ; au profit d’un bourrage médiatique destiné à combler son absence d’objet et sa vacuité ontologique; bref, au profit de ce verbe qui, comme chacun sait, fabrique de l’argent et du pouvoir en-soi et pour soi et en vit.
C’est donc un art de la communication à vide, de la posture, de la frime, du bidon sonore, et de l’imposture, du n’importe quoi fabriqué et imposé par des gens qui ne comprennent pas l’art, qui ne l’aiment pas et sont qualifiés, payés et fonctionnarisés pour ça, et pour en dégouter un maximum de citoyens, comme on dégoûte les gens de la bonne nourriture moins rentable que la malbouffe.
C’est un art destiné à générer l’ébahissement des foules et l’incompréhension culpabilisante devant la sophistication et l’inextricabilité langagière qui l’enrobe et qui fonctionne comme une logorrhée hypnotique et incantatoire. C’est un instrument très puissant d’exercice pervers du pouvoir, par sa capacité à la crétinisation, à la radicalisation sectaire de ses agents, au décervelage ubuesque des populations !
C’est un outil d’aliénation, d’inféodation des médias et de la critique d’art à la finance internationale ; un outil d’asservissement du bon peuple, par le caractère terrifiant des prêches de ses ayatollahs, par ses provocations, son non-sens, son cynisme, ses transgressions spectaculaires et par l’énormité étourdissante du prix des œuvres du Show-art-business.
Pourquoi l’État français encourage-t-il cet art-là, celui de la frime, de la vacuité, de la destruction du sens ? Qui en sont les agents, pourquoi acceptent-ils?
L’absurdité et la dangerosité de l’intervention de l’État, viennent de ce que l’État est d’abord un appareil, avec une logique d’appareil qui détourne les bonnes intentions qui mettent en place les structures. La machine diabolique échappe à ses concepteurs et devient incontrôlable. Il faudrait là aussi rétablir des circuits cours et de proximité.
Il faudrait que le politique reprenne les rênes de cette usine à gaz bureaucratique complétement dérégulée, de ce bulldozer sans queue ni tête qui écrase et dévaste la flore naturelle. Il faudrait bien évidemment lui couper son alimentation en carburant, c’est-à-dire sa perfusion d’argent public. Ce serait le plus simple et le plus efficace, mais ce serait aller contre des lobbies et puissants réseaux d’intérêts devenus consubstantiels au système.
Il serait temps, je crois, que les écologistes s’en préoccupent…
2 – Vive la décroissance !
(Texte publié dans le journal « La décroissance » en 2015 )
Quand je vois la croissance aussi monstrueuse qu’incontrôlable des boules creuses et puantes de type Lavier, Venet, Buren, Boltanski, Mosset, Koons, Murakami, Mc Carthy, etc., j’ai de plus en plus de tendresse pour les casseurs de pub du magazine « La Décroissance ».
Et c’est pour ça que j’ai été ravie d’y publier dans le numéro d’avril 2015 le petit texte ci-dessous, afin d’initier les « décroissants » et « survivalistes » aux choses d’un art dit contemporain qui a peu de chances de se survivre
L’art officiel et/ou contemporain est, comme le dit Jacques Ellul, un art du néant, du non-sens, méprisant le passé pour mieux célé- brer l’innovation à tout prix. Oui, c’est un art qui n’a rien à dire au fond, mais qui dispose de moyens en croissance exponentielle pour combler sa béance ontologique.
La bataille pour la sauvegarde de l’art véritable est une bataille pour la liberté et pour la reprise de contrôle par l’humain de ces mécanismes sans foi ni loi, qui détruisent l’art, comme ils détruisent les sols, la faune et la flore naturelles et saccagent l’économie réelle.
Ce jugement global vient d’être illustré ou corroboré de la façon la plus éloquente avec l’achat, par le financial artist Anish Kapoor, des droits pour l’exclusivité d’utilisation du noir Vantablack: un noir absolu, né d’une découverte scientifique récente. Ce droit d’ex- clusivité fait bien sûr grosse polémique, tant il semble absurde juri- diquement et inique à tous égards… mais il faut considérer que cet exemple de « titrisation du néant » s’inscrit dans une suite cohérente d’opérations publicitaires menées par l’artiste et son agence de com- munication, puisque l’art contemporain est essentiellement un art de la communication et de l’autopromotion publicitaire.
Ce trou noir illustre bien également ce qu’est le couple formé par l’art officiel d’État et le financial art du grand marché spéculatif. Il nous permet de comprendre le mécanisme pervers qui fait que l’art, en se vidant de toute substance et lumière intérieures, acquiert une faculté de générer une croissance aussi fabuleuse qu’incontrô- lable du discours à son sujet, de sa médiatisation et donc de sa cote sur le marché de l’inepte, et donc de son efficacité comme instru- ment de pouvoir.
Un des aspects de l’inepte inhérent à cet art de l’enflure, c’est bien cette idée ahurissante que le « progrès » en art existe de la même façon que le progrès scientifique… Une idée aussi absurde et mal- honnête intellectuellement que de dire que la beauté ou la vertu ont « fait des progrès » ces siècles derniers, ou bien qu’avec John Cage et Buren on a accompli de gros progrès en musique et peinture depuis Mozart et Jérôme Bosch…
L’artiste auteur du plug anal géant place Vendôme, comme beau- coup d’autres stars du financial art sont soutenus par l’État français, qui met à disposition ses musées et ses lieux patrimoniaux pour l’ins- tallation de ces excroissances autopromotionnelles monstrueuses, exacts équivalents de ces bulles financières dont le dégonflement est inéluctable, mais qui, en attendant, occultent la création véritable.
La disparition du contenu sensible et l’éradication de la subs- tance véritablement artistique, par quarante ans d’« innovations », c’est-à-dire de ruptures, de déconstructions et de transgressions systématiques, ont généré, par une sorte de compensation méca- nique, une croissance galopante de l’enrobage explicatoire. Nous sommes, en fait, en présence d’un système de nature totalitaire, dont les monumentales manifestations et le délirant discours qui leur est assorti, sont autant d’actions terrorisantes. Mais le comble dans tout ça, c’est de voir tous les nervis de cet appareil de type dictatorial traiter de fascistes, de réactionnaires, de populistes, de ringards, de décroissants, de ruraux et j’en passe, ceux qui osent critiquer l’art contemporain
La nécessaire reprise de contrôle de ces mécanismes décérébrés ne peut être faite que par le politique. Mais voilà, il existe une bien- pensance d’ordre idéologique, qui impose la promotion du seul art labellisé « contemporain » au nom d’un « culturellement et politique- ment correct» et qui pour cela doit nier les réalités tant artistiques que sociologiques.
C’est cette bien-pensance-là, arrogante, étatisée, fonctionnarisée, faussement subversive, qui va se prosterner devant plug anal des joailliers de la place Vendôme, qui va applaudir à la condamnation des «barbares» qui ont dégonflé et tagué cet énorme produit de la crétinerie artistique officielle, comme elle applaudit à la condamna- tion des casseurs de pub…
Pour stopper cette excroissance pathologique d’un commentaire de type effet Larsen, pour casser cette gigantesque opération marke- ting pour du rien, il faut tout simplement y remettre du sens et du vécu. Il faut réhabiliter le dessin, la peinture, la poésie, l’émotion et le savoir-faire. Comme pour les productions alimentaires et agricoles, il faut cesser de penser monumental et international, il faut rede- venir modeste, relocaliser, resocialiser, réenraciner, reterritorialiser l’art et le réinscrire dans la cité. Il faut réinstaller les « circuits courts » pour redécouvrir la quantité de bons artistes proches de chez soi.
Il ne s’agit pas là d’une régression, mais d’un réenchantement par la restauration des valeurs simples et éternelles, qui redonnera à l’art sa vraie contemporanéité, sa fonction sociale et sa mystérieuse vérité intérieure, irréductible à toute analyse et qu’aucune logique « de croissance », qu’elle soit bureaucratique ou financière, ne pourra jamais ni appréhender ni faire disparaître.
3 – Hyber, le khmer vert de l’art contemporain
Grosse flambée de «délirium verdum» chez le plasticien inter- national Fabrice Hyber, chez Bernard-Henri Levy, chez Hermès, Cartier et Guerlain, au Palais de Tokyo, mais aussi dans le milieu de l’art « contemporain » institutionnel et grand marchand.
Créateur du plus gros savon du monde, de la balancelle à double godemichet, du ballon carré, et autres friandises du même gaba- rit dans l’inepte progressiste ; vedette du Palais de Tokyo devenu aujourd’hui «Palais Durable»; petit prince chéri des marques Hermès et Cartier, il vient d’acheter une ferme dans les Deux-Sèvres pour y installer ce qu’il appelle un « Prototype de Paradis » où il élè- vera 200 brebis et pourra montrer ses œuvres (ce lieu sera, paraît-il inauguré pense-t-il en 2023 par Yannick Jadot). Le Tout en rela- tion étroite avec le FRAC-Charentes et Poitou (tradition du goût) situé dans le proche village de Linazay. (Le bâtiment de cet actuel FRAC ayant été auparavant, occupé par le malheureux Caprilia, une royale raffarinade dédiée à l’élevage de la chèvre et au fromage chabichou [comme la giscarinade « Vulcania » est dédiée aux volcans d’Auvergne], mais avortée faute de public et parce que cela y puait trop fort le bouc.
Tout le monde connaît cette photo où l’on voit BHL et son exquise Arielle Dombasle, à l’inauguration de l’expo curatée par lui à la Fondation Maeght à Saint-Paul de Vence, modestement intitulée «l’aventure de la vérité», avec une présence d’hommes hybertiens verts insultante à l’égard des Miro, Calder, Chillida, Aimé Maeght. Expo commandée par le niais de service Olivier Kaepelin alors direc- teur de la Fondation, qui a fusillé ladite Fondation… Photo prise un peu avant l’invasion de la Libye de Khadafi, recommandée par le même « aventurier de la vérité » BHL.