Un grand moment d’intersectionnalité des luttes minoritaristes
Cette performance de l’artiste Pol Pi a eu lieu récemment dans le forum du Centre Pompidou.
Image jointe : Pol Pi, Me Too, Galatée – Centre Pompidou
Voici des extraits d’un texte relatant la performance écrit par une jeune critique d’art , membre de la YACI, Young Art Critics Internachionaul ,
Son sexe nous regarde le regarder
« Rituel dionysiaque ou catharsis libératrice ? Avec sa performance récente au Cenre Pompidou, Me too, Galatée, Pol Pi déconstruit avec humour et sensibilité l’idéal féminin, tout en dénonçant la violence des diktats de beauté et du male gaze. Comme un miroir déformé, il se place face à un mannequin aux proportions standardisées. Nu, il expose son corps, ses jambes, son ventre, ses fesses… Son sexe ? Entre ses jambes, il place un téléphone portable, caméra tournée vers le public voyeur. La foule aussi est filmée, observée. Pol Pi prend son temps, il n’est pas pressé. Il joue le rôle de la statue après tout… Il s’assoit sur un socle, écarte les jambes, nous regarde le regarder. Le rite peut commencer.
Un alimentaire grotesquement féminisé
À partir d’un panier de fruits et légumes, Pol Pi fabrique un cérémonial joyeux et un costume gourmand. Des colliers de fraises, des bracelets de poivrons, un masque en laitue et une coiffe de bananes… Aux confins du grotesque, chaque aliment vient orner le corps de Pol Pi, lui donner une forme plus « féminine ».
Un participatif hydroalcoolisé
Ces prothèses fruitées sont partagées avec le public. Parfois des rires complices. Mélangés à du gel hydroalcoolique, ces éléments organiques évoquent le lexique sexiste employé par certains hommes pour parler des femmes comme des objets de consommation « que l’on dévore du regard ». Ce regard à la fois inquisiteur et lubrique est le symbole de la violence patriarcale.
« Pour que toutes les minorités se rassemblent»
Face aux paroles entremêlées d’hommes qui prétendent sculpter le corps des femmes, Pol Pi affirme avec conviction : « Non, un homme ne me définit pas, ma maison ne me définit pas, ma chair ne me définit pas, je suis mon propre chez moi. » C’est la fin de la performance et l’on a envie de chanter avec lui ces paroles. De les crier. Pour que tout le monde les entende. Pour que tout le monde connaisse Galatée. Pour que toutes les femmes et toutes les minorités se rassemblent.
Aux bords de l’orgasme woke
Je suis ivre de cette performance, de cette délicatesse bouleversante de Pol Pi et de son public, qui se tiennent ensemble, sous le regard perplexe de l’ancien monde. Il est parfois étrangement difficile d’écrire sur ce que l’on a aimé… On voudrait charger les mots des images qui sont gravées dans notre mémoire, des sensations diffuses qui nous envahissent, de la beauté du moment. On ne peut qu’écrire : « C’était là, c’était beau. »
Luce Coquerelle-Giorgi