… C’est un des bienfaits collatéraux du COVID.
En effet , « le grand artiste français, qui voyageait sans cesse, a dû se mettre sur pause, comme toute la planète. Celui qui utilise les couleurs comme des signaux a observé le retour de la nature dans le monde de l’homme, le changement de densité du ciel et la résurgence d’une beauté qu’il sentait menacée. » nous dit Valérie Duponchelle en intro d’un entretien paru dans le Figaro, qui nous révèle la profonde humanité de cet immense plasticien et son amour pour les petits oiseaux de toutes les couleurs

Image jointe : Buren et sa série de petits carrés monochromes post-covid de toutes les couleurs
Extraits :
“Depuis le confinement, je suis devenu contemplatif. C’est une rupture totale. J’ai été un nomade pendant 55 ans, je faisais en moyenne 300 voyages et 70 expositions par an. J’allais toujours sur place pour installer.
Depuis la pandémie, j’ai dû faire une dizaine d’expositions, dont celles de Bergame en Italie et de Riyad en Arabie saoudite, sans pouvoir y aller, sans bouger de ma chaise… Ce que je n’ai jamais fait de ma vie.
Quand j’ouvre ma fenêtre, je regarde ce qui se passe dans les arbres. Au premier confinement, on a eu un printemps superbe et sans avion. Un paradis quand on n’est pas dans 40 m² à Paris. Une chance, pour moi qui vis au milieu d’un jardin, de voir autrement l’endroit où j’habite, où je ne restais avant que deux ou trois jours d’affilée. J’étais fasciné: tout était différent de d’habitude, en dehors du fait que la planète entière était différente.
Cette année, le climat a changé, il y a cinq fois plus d’oiseaux que de coutume. Ils chantent très tôt, avant que le soleil se lève. Et la nuit tombée, jusqu’à 10 heures du soir. Ce ne sont pas les mêmes oiseaux que l’an dernier. Cela donne une impression de beauté que je voyais plutôt régresser, d’année en année. Cela fait deux ou trois ans qu’il n’y avait plus d’hirondelles. Je les vois revenir. Il y a plus de variétés d’oiseaux et de petits animaux. Moins de pollution: le ciel n’a pas la même couleur. Je l’avais déjà remarqué l’an dernier, mais ce printemps, c’est encore plus net. Quand il faisait beau sur l’Île-de-France, le ciel était zébré de lignes blanches.
C’est un bleu qui nous est inconnu. Tout cela m’influence certainement en tant qu’artiste. Mais je ne sais pas encore comment.»