
Voici une étude parue récemment dans le journal des arts sur les « difficultés » des écoles d’art publiques
Un texte qui prouve qu’On commence à s’inquiéter sur l’avenir de ces coûteux dispositifs pour la fabrique de petits glandeurs décérébrés voué à l’assistanat public. Un dispositif pourtant essentiel pour la reproduction et la perpétuation de l’entre soi consanguino-dégénérati f de l’art institutionnel dit contemporain .

Voici l’article dans son intégralité :
Une nouvelle étude pointe les difficultés des écoles d’art
Par Eva Reau- Le journal des Arts du 2 oct 25
De 2022 à 2025, le Hcéres a évalué 17 écoles supérieures d’art réparties sur l’ensemble du territoire français, mettant au jour leurs principales forces, faiblesses et perspectives d’amélioration.
Il aura fallu attendre dix ans pour que le Haut Conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur (Hcéres) commence à évaluer les écoles supérieures d’art et de design dans leurs dimensions institutionnelles (positionnement et stratégie des établissements). Jusque-là, cet organisme indépendant fondé en 2013 avait focalisé son attention sur leurs offres de formation. La campagne d’évaluation 2022-2023 a commencé avec 13 écoles situées dans les régions de la « vague C » (Grand-Est, Centre-Val de Loire, Bourgogne-Franche-Comté, Provence-Alpes-Côte d’Azur) tandis que quatre établissements ont été étudiés au cours des campagnes 2023-2024 (« vague D », Paris) et 2024-2025 (« vague E », Hauts-de-France, La Réunion). Bien que les observations du Hcéres ne reposent pas sur toutes les écoles, elles « s’appuient sur un échantillon assez représentatif des écoles d’art en taille et positionnement » et les 17 établissements (5 nationaux et 12 territoriaux) représentent 38 % des 45 écoles d’art publiques placées sous la tutelle du ministère de la Culture.
Ses conclusions vis-à-vis de leurs principales forces sont homogènes d’une campagne à l’autre. Parmi les plus notables, la qualité des enseignements : « les formations sont de bon, voire de très bon niveau » en dépit d’une politique de la recherche par le projet qui peine à se structurer. Mais elles partagent également les mêmes faiblesses.
Des ressources propres trop peu développées
À l’exception de l’École nationale supérieure de la photographie, à Arles, qui souffre d’un « déficit structurel lié à sa masse salariale et aux coûts d’exploitation du bâtiment », et de l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris, dont les « moyens financiers sont largement en dessous des besoins », le comité d’experts estime que « les budgets de fonctionnement des écoles ne font pas apparaître d’insuffisances notables ». Les évaluateurs soulignent toutefois que leurs marges de manœuvre sont limitées en raison de la faible proportion de ressources propres parmi les recettes totales, lesquelles oscillent entre 3 % et 7 %. Le Hcéres recommande aux écoles de diversifier ces ressources (activités payantes telles que des ateliers pour amateurs) afin de pouvoir faire face aux aléas des engagements budgétaires des tutelles : une problématique d’actualité au vu des nombreuses baisses de subventions dans le secteur culturel en 2025 et 2026. Car en cas de diminution de l’aide publique et en l’absence de fonds propres, les répercussions sur la masse salariale et sur le développement des orientations stratégiques défendues par l’établissement peuvent être importantes. Dans le cas de l’Institut supérieur des beaux-arts de Besançon (Doubs), de l’École supérieure d’art d’Aix-en-Provence Félix-Ciccolini (Esaaix) et de l’École supérieure d’art d’Avignon, le comité estimait en 2022-2023 que « toute diminution de subvention se traduirait par une suppression de poste ».
Vétusté des locaux
Dans ses conclusions de la campagne d’évaluation 2023-2024, le Hcéres attirait l’attention sur la « vétusté et dangerosité préoccupante » des bâtiments des Beaux-Arts de Paris. Un type d’observation récurrent dans les rapports d’évaluation des campagnes 2022-2023 et 2024-2025. Les bâtiments de l’École supérieure d’art de Dunkerque-Tourcoing se trouvent ainsi « dans un état de vétusté important, rendant les conditions d’étude et la sécurité insatisfaisante » ; les locaux de l’École d’art d’Aix-en-Provence ont fait l’objet d’un défaut d’entretien et de maintenance et « nécessitent des travaux de réhabilitation d’envergure urgents », l’École Média Art du Grand Châlon (Saône-et-Loire) « souffre de vétusté et aurait besoin de travaux importants » ; le bâtiment de l’Institut de Besançon nécessite une « remise aux normes ». Et si les tutelles ont conscience de la nécessité d’engager des travaux, le comité considère qu’elles ont trop souvent tendance à réagir dans l’urgence : selon le Hcéres, les Beaux-Arts de Besançon devraient faire l’objet de travaux dans le cadre d’un plan pluriannuel d’investissement, une recommandation qui s’applique également aux deux sites des Beaux-Arts de Marseille, dont les travaux ont été organisés jusqu’ici au gré des nécessités immédiates. Même préconisation à l’endroit du ministère de la Culture pour les écoles nationales, en faveur desquelles il faudrait « lancer un plan d’action à long terme pour sortir d’une gestion immobilière de l’urgence ».
Gouvernances instables
De nombreuses écoles d’art ont fait l’objet d’un ou de plusieurs changements de directeurs entre 2016 et 2023, parfois suivis de longues périodes d’intérims, ce qui a souvent « entravé leur capacité à mettre en œuvre une stratégie de manière cohérente ». À la suite du départ de son ancien directeur en 2017, l’École Média Grand Châlon a connu deux directions en intérim de 2017 à 2020 puis en 2020-2021 jusqu’à l’arrivée du directeur actuel. Une situation plus complexe encore à l’École d’art d’Avignon : après le départ de l’ancienne directrice en 2016, l’école a traversé une période d’autogestion pédagogique de deux ans. Puis le projet porté par la directrice suivante, à la tête de l’établissement de 2018 à 2021, a été largement rejeté par l’équipe pédagogique. Son non-renouvellement par le conseil d’administration a entraîné l’arrivée d’une nouvelle direction en 2022. L’Institut des beaux-arts de Besançon a lui aussi traversé une longue période de crise, tandis que l’École supérieure d’art de La Réunion change très fréquemment de direction. À cette difficulté s’ajoute la problématique des instances de gouvernance parfois monolithiques, telles que le conseil d’administration de l’École supérieure d’art de Lorraine à Metz et Épinal, au sein duquel les collectivités territoriales occupent une place trop importante, au détriment d’une représentativité équilibrée des composantes de l’établissement.
Le Hcéres, qui commence tout juste son évaluation des écoles d’art, pourra-t-il la poursuivre au cours des prochaines années ? Si l’Assemblée nationale a voté en juin la suppression du Haut Conseil, son sort dépend désormais d’une commission mixte paritaire dont la date de réunion n’est pas encore connue. L’avenir nous dira si les éventuels successeurs du comité d’experts comptent continuer un travail à peine entamé mais de grande importance.