De l’origine du totalitarisme en art dit contempoain

On connait les épouvanables ravages en termes de déni du réel et d’irrespect de l’humaim commis par l’emprise des diverses idéologies en tous domaines et en tous temps
Le contemporainiste en art n’a guère plus de 50 ans. Il est apparu au début des années 80 avec l’arrivée du déconstrictivisme culturel progressiste , lequel s’agrémente aujour’hui du wokisme tout autant rageur pour la véritable création atisitique et la reconnaissance de celle-ci…
Le danger de l’idéologie appliquée à la création artisiique, c’est cette tendance qu’elle a , à vouloir remplacer le contenu naturellemnt sensible, et poétique et la mystérieuse vérité de la vraie création, par du concept froid, et un intellecrtualisme totalement stupide et contreproductif, puisqu’on constate les idéologues de l’art sont toujours les idiots utiles au service des pouvoirs contre lesquels ils prétendent lutter.
Ce texte de François Derivery, nous propose une magistrale analyse du phénomène
Il est extrait de son livre récemment paru et intitulé :
« L’ART CONTEMPORAIN ARME IDÉOLOGIQUE DU NÉOLIBÉRALISME »

En passant d’une logique marchande à une logique financière « l’art contemporain » a fait un pas décisif vers la réalisation pleine et entière de son concept.
Que reste-t-il d’artistique dans l’art financier à part une exploitation ostentatoire du mythe de l’art mise au service de la propagande idéologique du néolibéralisme ?
Les textes réunis dans ce livre invitent à une lecture critique de la formule artistique dominante.

Ce livre peut être commandé directement à l’auteur :
francois.derivery@orange.fr
Prix : 16 € (dont 4€ de participation aux frais d’envoi) – chèques au nom de François Derivery, 278, Avenue des Platanes- 06440 Biot
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ART ET IDÉOLOGIE
(Ce texte a été écrit en 2004 mais il garde toute son actualité en 2025)
Par François Derivery -2004
I – La loi du marché
L’Art de marché ne peut pas s’avancer à découvert. Il ne peut s’affirmer « art » que s’il proclame la supériorité du don et du risque sur les lois du marché qui pourtant le contraignent et l’enserrent dans un étau. Il est en effet de tradition — une tradition qu’entend bien mettre à son service l’Art de marché — de considérer que l’art se situe au-delà et au-dessus des contingences matérielles et des logiques purement économiques. Du moins dans la mesure où, dans une Europe pas encore totalement convertie au pragmatisme nord-américain, ce qui est « mercantile » est présumé souiller l’art. Les idéalistes préfèrent encore ignorer, en pensée et en actes, que le marché a investi l’art et a vocation à l’organiser comme il organise les autres domaines de la vie l’économique et culturelle, en source de profit. Par ailleurs, le spectre de Jdanov et du « totalitarisme en art », si bien exploité en tant que repoussoir par l’idéologie libérale, fait encore croire à beaucoup que l’art de l’occident capitaliste est et ne peut être que « libre ».
C’est la logique profonde du discours officiel de et sur l’art qui s’est déployé avec l’essor de l’Art contemporain, et qui s’applique à détourner par tous les moyens l’attention des réalités et des contraintes de cet « art » organisé en marché, s’efforçant d’autre part de convaincre — souvent par les moyens de la désinformation et de la mystification — que cet Art sous étroite surveillance est ouvert à toutes les influences et libre de ses mouvements. D’où un culte de l’Art, de la dissidence, et de la « création » qui constitue un déni en règle des réalités de la soumission effective de cet Art au système marchand et à la logique que celui-ci lui impose. En dépit de ces arguments et d’une mise en condition du « public » d’autant plus efficace que l’officialité et le marché se sont attribué le quasi monopole de la parole, il devient urgent d’accorder une attention particulière et même technique aux effets de cette domination du marché sur les formes et les modalités de l’art lui-même, bref à étudier le contenu et le concept de cet art qui, en dépit d’un prosélytisme permanent, est loin, comme le capitalisme lui-même, de faire l’unanimité dans l’ensemble de la société. Il ne s’agit pas, comme le craignait Bourdieu, de « réduire » l’art à sa fonction économique ou à l’idéologie qu’il sert, mais, sans se contenter de protester de l’inaliénabilité de l’art comme le fait le discours officiel ou de déplorer sa marchandisation accélérée, d’examiner pourquoi et comment la fonction économique de l’art agit sur l’art lui-même, sur ses contenus, ses formes et sa fonction sociale.
2° — Un système centralisé
La dérive mercantile de l’art contemporain est contenue dans les prémisses de l’art occidental tel qu’il se définit à partir de la Renaissance. Il en va de même par exemple du sport qui, d’abord amateur, s’organise peu à peu en spectacle marchand au cours duquel l’argent intervient pour formater progressivement acteurs et public selon ses propres lois, et donc la discipline elle-même. Avant la postmodernité et avant l’art moderne cette dérive mercantile existait mais de façon discrète et encore plus ou moins compensée par la prise de risque et le désintéressement au moins relatif des artistes. Nous sommes désormais en présence d’un système organisé et centralisé — même si son centre est partout et sa circonférence nulle part — qui laisse de moins en moins de place aux propositions hétérodoxes.
Avant d’être organisé en système l’art, activité sociale, fonctionnait selon un principe de répartition des compétences et de reconnaissance mutuelle entre d’une part un pouvoir artistique longtemps représenté par l’Etat seul et ses organes spécialisés, puis par l’alliance de l’Etat et du marché, et d’autre part des artistes, dans une situation de conflit plus ou moins ouvert avec ce pouvoir, et qui assuraient l’apport extérieur indispensable à la vie et au renouvellement de cette activité d’intérêt général.
Les ponts apparaissent désormais coupés entre ce qui est devenu une forteresse du marché — qui forme, recrute et gère « ses » artistes et une collectivité sociale réduite au silence et à la soumission devant la pompe des manifestations officielles qui ne laissent aucune place au débat.
L’Art de marché se présente ainsi comme un organisme prémuni contre les diversions et les agressions selon un système de chicanes juridiques mis en place pour interdire tout retour en arrière par rapport à ce qui est présenté comme des « avancées », et aux dispositions qui visent à assurer sa reproduction dans la durée en favorisant ses ambitions planétaires.
3° — Le discours de et sur l’art
Dominé par la profession de foi— qui est en même temps la déclaration d’allégeance du professionnel au système — le discours sur l’art, qu’il provienne du scientifique mandaté, de l’idéologue patenté ou du critique d’art appointé, est lourdement hypothéqué par les impératifs du marché, lequel a pour objectif premier d’assurer son existence, sa progression et son hégémonie. La difficulté pour tous les acteurs et agents de l’art, dans un contexte de déni des différences et d’autocensure, est de parvenir à saisir l’ensemble de la problématique du système et sa logique depuis la position qu’ils occupent et la fonction qu’ils assurent en son sein.
Le postulat consensuel de la Croyance fondée sur la pétition de principe de l’excellence des positions officielles permet alors de répondre idéalement aux investigations de la critique indépendante. Qui ne Croit pas en l’Art contemporain ne peut être qu’un ennemi de l’art, de l’art tout court. Ce type de chantage explique la difficulté des scientifiques à prendre leurs distances vis-à-vis de la légitimité officielle autoproclamée : on l’a vu avec Bourdieu, d’abord critique puis transformé en inconditionnel de l’Art contemporain [1]. Quant à l’indépendance du critique de la presse agréée, elle est quasi-nulle.
L’appel à la Croyance c’est aussi le rappel du principe de la priorité de la subjectivité sur l’approche rationnelle et critique. Le critère individuel doit in fine prendre le pas sur le critère collectif, particulièrement lorsqu’il s’agit d’Art. Mais si la réaction subjective et l’émotion sont la première approche légitime de l’art, la raison intervient ensuite pour prolonger cette saisie sensible et lui donner sa portée signifiante. Le déni de la dictature du marché, refoulé constitutif de l’art contemporain s’exprime, dans le discours officiel, par un prêche systématique en faveur de la subjectivité contre la raison, car celle-ci est porteuse de menaces critiques. Ce principe intangible que la raison tue l’Art assoit la légitimité de la Croyance qui substitue à l’approche critique et signifiante un discours de Foi constitutif de la doxa artistique contemporaine.
Chacun doit s’incliner finalement devant le mythe. Le vieil argument obscurantiste de l’opposition de l’art et de la connaissance a été de tous temps et en tous lieux le meilleur instrument de la domination et de la censure. Pourquoi l’art devrait-il être soustrait à l’approche connaissante sinon pour que reste dans l’ombre son rapport au pouvoir ? C’est en outre faire peu de cas de ce qu’a entre autres montré Freud, à savoir qu’il y a du langage derrière toute image et que l’homme social et le citoyen, devant l’art comme devant le pouvoir, est autre chose qu’un adorateur d’icônes.
4° — L’Art contemporain : une idéologie
Le mythe de l’art est au centre de l’idéologie contemporaine de l’Art et constitue sa principale légitimité artistique aussi bien que morale.
Le prestige de l’Art contemporain, ses fastes internationaux, ses records de vente de même que l’arrogance de son discours élitiste et sectaire, ont pour objectif d’inculquer le respect et de décourager la critique. Les scientifiques comme les observateurs critiques qui n’appartiennent pas à la sphère officielle sont renvoyés à une « incompétence artistique » rédhibitoire et aux étroites limites de leurs spécialités respectives. Ainsi Bourdieu a fini par cultiver un authentique complexe d’infériorité vis-à-vis d’un art contemporain qui n’est délibérément abscons que pour mieux donner le change et masquer sa vacuité. La mystification de l’Art contemporain, dans le quel il n’y a rien d’autre à « comprendre » que son absence de sens et de mobile, illustre à grande échelle la parabole des habits neufs du Grand Duc, lequel est impossible à imaginer autrement que vêtu de somptueux atours, et dont la nudité soudaine est logiquement niée par les assistants. Ce serait la fin d’un monde et de sa logique, un monde de référence et de déférence artistique impossible à concevoir désormais hors de l’officialité.
A la révocation de la raison, réputée incapable d’accéder à l’indicibilité d’un art réservé aux seuls initiés du cénacle officiel s’ajoute donc une dénonciation du langage en tant que vecteur de connaissance et d’échanges démocratiques.
La sphère de l’Art, que domine la logique de marché se caractérise par une prise de distance par rapport à l’environnement social et collectif qui la fait vivre mais qu’elle réduit au rôle passif de chambre d’enregistrement et de faire-valoir. La contradiction extérieure est abolie, et le débat sur l’art — ou ce qui en tient lieu — se déroule exclusivement dans le champ de l’institution. Le monde « extérieur » devient ainsi le fournisseur et le prétexte inépuisable de l’art sans que ce dernier s’y trouve jamais en quoi que ce soit engagé.
Le monde nourrit l’art mais ce dernier ne lui rend rien. Il s’ensuit que la présentation au « public » de ces œuvres sans valeur d’usage sociale et collective — ce qui signifie que leur valeur d’usage effective se confond exactement avec leur valeur d’échange sur le marché — et alors qu’elles sont déjà labellisées par l’appareil officiel, ne peut pas avoir pour but de les soumettre à un débat démocratique. Les intérêts de la démocratie, dans le domaine artistique comme dans les autres, ne peuvent être ceux du marché, même si celui-ci fait de la « légitimité démocratique », en art comme en politique, son alibi de prédilection. Il s’agit donc plutôt, en élevant ces produits de marché au rang d’icônes d’une nouvelle religion — et en substituant le plébiscite au débat démocratique — de tenter de donner à cet art imposé une justification collective et sociale qui, dans son principe même, lui fait défaut.
François Derivery – 2004