« Curator » est un mot aux origines et significations plutôt crapoteuses pour désigner un certain type d’acteur de l’art dit contemporain, aux fonctions et attributions encore plus glauques. C’est un mot à la consonance plutôt répulsive, comme une bulle puante éclatant à la surface d’une sorte de bouillon de culture sémantique en pleine macération putréfiante.
Le mot Curator est en effet le produit d’un retournement langagier à partir du mot « curateur-teuse », qui désigne celui-celle qui soigne, protège, conserve et défend des intérêts.
« Curateur » est devenu « curator » en anglais pour désigner le conservateur d’un musée….
Il est ensuite sorti de la langue anglaise pour designer, par on ne sait quelle torsion linguistique, le « commissaire d’exposition »…Lequel « commissaire » devenant alors « curator », et se voit ainsi propulsé d’un seul coup dans la modernité, la contemporanéité, l’internationalité… et la respectabilité.
Le « curator » est forcément « international », car il ne peut s’occuper que d’artistes « reconnus- ou en voie d’émergence- sur la scène internationale de l’art »
Les commissaires qui organisent des expos d’art non contemporain parce que non conceptualo-posturo-bidulaires, ne peuvent être appelés « curators » (L’admirable Jean Clair , qui fut commissaire d’une Biennale de Venise et la merveilleuse expo « Mélancolie, génie et folie en Occident » au Grand Palais en 2005 , ne peut être traité de curator, qui serait pour lui comme une injure..)
Le précurseur de la curatorie internationale fut le critique Harald Szeemann, (qui était aussi artiste :voir image jointe) qui inventa le « plasticien comportemental » et l’ « art postural » ( genre Cattelan) avec son expo intitulée « quand les attitudes deviennent forme » …autrement dit quand le rien devient quelque chose, ouvrant ainsi l’art financier international à un posturo -conceptualisme effréné de gigantesque bulle spéculative avec rien dedans.
Le Palais de Tokyo est , tout naturellement, une pépinière centrale pour la fabrication de curators internationaux formatés de plus en plus au posturo- wokisme financier mondialisé.( 1)
Les écoles d’art publiques , y compris municipales, ont des sections pour la formation de curators…internationaux. Les écoles privées de formation aux « métiers de la culture » en ont aussi. Des milliers de petits têtards futurs curators sont donc en gestation un peu partout.
La faune curatoriale se développe exponentiellement, comme une espèce invasive dans le marigot de l’art institutionnel français et contribue allègrement à la destruction de l’éco-système naturel de l’art et de sa biodiversité.
Il faudrait bien sûr que les sociologues de l’art se préoccupent de cette calamité qu’est le curatopathie galopante, et en analysent les ressorts internes… Malheureusement l’émergence d’une vraie sociologie de l’art est impossible…et l’armée des curators n’y est pas pour rien.
Car le curator est multidimensionnel : il peut être en même temps directeur de MAC , de FRAC, professeur en école d’art publique, critique d’art, philosophe de l’art…et même plasticien contemporain (c’est le cas du plasticien indigéniste Kader Attia, récent curator de la Biennale de Berlin…Ville où ila choisi de vitre plutôt qu’en France qui, selon lui, ne s ‘est pas assez repentie de son passé colonialiste)
Alors, de grâce, ne dites plus « je n’ai cure de tous ces curators » …
1 – On me signale la démission de Sandra Hegedius Mulliez, héritière de la famille Auchan-Mulliez, qui ne veut plus mécéner un Paltok gangréné jusqu’à la moelle par le wokisme et la bien -pensance décoloniale.