Ce texte est extrait du livre de Aude de Kerros, « Art contemporain, manipulation et géopolitique », récemment paru chez Eyrolles -poche (8,90 euros)
Ce texte une récapitulation édifiante de tout ce qui oppose l’art « naturel » universel et intemporel, et l’art artificiel , pure émanation, gazeuse du système bureaucratico-financier dominant.
A L’artiste opère une métamorphose positive de la matière
AC En AC, la création est transgression, critique et destruction de l’ordre établi
A L’artiste opère avec corps, mains et geste, travaille la matière
AC L’AC réserve la main à l’artisanat, il est avant tout concept
A L’art est traduction en forme de visions, images, représentations, idées
AC L’AC produit des concepts qui peuvent être, éventuellement, mis en forme par des hommes de main
A L’Art exprime le réel à travers la perception d’un être unique, l’artiste
AC L’AC détourne, déconstruit le réel pour le bien de la société. Il a une mission prophylactique.
A L’art traduit les mondes invisibles ou visibles en forme
AC Pour l’AC Il n’y a rien à voir au-delà de ce que l’on voit. Il suffit d’exposer la chose elle même
A L’art est enraciné dans une époque mais aspire à l’intemporalité
AC L’AC a pour finalité de témoigner de son temps, ne vaut que par son contexte temporel
A L’art aspire à une universalité, un partage au-delà de l’espace et du temps.
AC L’AC se veut seul art du présent, commun à toute la planète
A L’Art a pour référent le transcendant
AC Pour l’AC le référent est l’artiste, le regardeur, les institutions
A L’Art s’inscrit dans une lignée, une famille, librement choisies
AC Sans passé ou en rupture avec lui, l’AC a une relation utopique au temps
A L’art connaît diversité et polarités : figuratif-abstrait, expressionniste-classique, appollinien-dyonisiaque, etc.
AC Il n’y a pas d’autre art aujourd’hui que l’AC, d’essence conceptuelle
A L’art est un accomplissement de la forme
AC Tout peut devenir AC, excepté l’art
A La reconnaissance de la qualité de l’art se fait d’abord par le monde des pairs, des amateurs, du public
AC La reconnaissance de l’artiste est d’abord institutionnelle puis marchande.
A L’art a une dimension sacramentelle
AC L’AC dénonce l’existence du néant
A L’art a une nature paradoxale, à la fois matérielle et spirituelle, indissociables
AC L’AC est avant tout concept, son existence matérielle est superflue, non obligatoire
Art L’Art est une célébration de la beauté du monde car le monde est bon malgré le mal
AC L’AC se veut critique, dénonce le mal, car le monde est mauvais
A L’art exprime le caractère tragique de la vie
AC L’AC exprime le caractère dérisoire de la vie
A L’œuvre d’art, une fois créée, existe par elle-même, montrée ou pas, reconnue ou non
AC L’AC existe grâce au regardeur, aux institutions qui le déclarent être de l’art, être légitime
A L’art connaît une métamorphose permanente des formes
AC L’AC pratique la subversion sémantique
A Le but de l’art est la beauté toujours désignée, jamais atteinte
AC Pour l’AC, la beauté n’est pas sa finalité. Si elle est évoquée, c’est en tant que concept
A En art, la nouveauté est la singularité de l’œuvre, créée par un être ontologiquement unique
AC Pour l’AC le nouveau, c’est ce qui est en rupture avec ce qui existe
A En art la liberté est essentielle. Elle consiste à travailler la matière en prenant parti, choisissant, sacrifiant
AC Pour l’AC la liberté consiste à transgresser à l’abri des institutions
A En art existe le risque de rater une œuvre. Celles-ci peuvent être médiocres, bonnes ou géniales
AC Pour l’AC les œuvres ont de la valeur si reconnues par les institutions ou le marché.
A Une œuvre d’art existe grâce à sa correspondance, sa communication intense avec l’œil
AC Ses critères sont la pertinence du concept, sa force critique son adéquation à la société
A Le but premier de l’art n’est pas de donner des leçons de morale il est d’accomplir la forme
AC L’artiste d’AC a une utilité sociale: celle de critiquer, déconstruire, défendre les « valeurs sociétales »
Au plaisir de vous lire.
L’art fait penser à l’art, disait Malraux, l’AC, lui, nous en détourne.
L’art est le miroir vivant de son créateur, avec son unique histoire, de sa conscience d’être. C’est le contraire d’un concept, c’est un vécu vivant, qui n’appartient à aucune institution.